LE MARIAGE ; FEMME DOTEE EN SECONDE NOCE CHEZ LES BAMILEKES

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LE MARIAGE ; FEMME DOTEE EN SECONDE NOCE CHEZ LES BAMILEKES, LES OBLIGATIONS DE CHAQUE PARTIE

Présenté par la Réunion du quartier Mbeng de Yaoundé : 8 septembre 2024

INTRODUCTION

Le thème que nous présentons porte sur un pan du mariage chez les bamilékés. En sachant que l’objectif du mariage en pays Bamiléké est la procréation, dans la suite de développement de ce thème nous considérons que la femme dotée en seconde noce a des enfants dans les deux mariages. Ainsi, nous aurons en présence : les deux maris, la femme et les enfants.

LES OBLIGATIONS

1La tradition Bamiléké a-t-elle prévu la possibilité de remboursement de la dot.

Chez la Bamiléké, le divorce n’existe pas. Une union maritale est scellée une fois pour toute. C’est la raison pour laquelle, le père de la mariée, avant de sceller le mariage par une libation à base du vin de raphia et une communion à base du kola, pose à la fille quelques question, pour lui faire savoir que l’acte en cours est irréversible. La dot constitue le mariage chez les Bamiléké ; ce mariage est un sacrement religieux, et comme tel, ne s’aurait être une partie de plaisir. Pour symboliser cette irréversibilité du mariage, le père fait savoir à sa fille que, pour que ce mariage prenne fin, il va falloir qu’ils remettent à la famille de l’époux ce vin qu’il est en train de boire et la kola qu’il va manger. Chose impossible, une fois bu et mangé. D’aucuns vont jusqu’à mélanger 2 sortes vin et demander aux mariés de les séparer. Leur incapacité à leur faire symbolise l’indissolubilité de leur union.

L’idée de remboursement de la dot est née dans le monde matérialiste dit moderne, de nos jours. Dans la culture Bamiléké, la femme est un bien, un bien humain. Et qui dit bien, dit aussi existence du propriétaire du bien (Taa Kap). Le propriétaire de ce bien qu’est la femme, est son père (ou son grand-père paternel). Ce droit de propriété est transféré au mari par l’acte de la dot.

Un mari qui accepte que la dot lui soit remboursée, viens par la même occasion de ‘’vendre’’ sa femme et ses enfants et perd tous les droits coutumiers sur eux, ce qu’aucun homme n’osera faire.

 

2Le premier mari peut-il désigner comme successeur l’unique garçon fait par son ex-femme dans le deuxième mariage ?

Tous les enfants du deuxième mariage de sa femme sont ses enfants. Il a tous les droits coutumiers sur eux. Le deuxième Mari est un imposteur. Ceci pour éviter des malheurs susceptibles de s’abattre sur les enfants du deuxième mariage et ses descendances. Il s’en suit que le fils du deuxième mariage ne peut succéder automatiquement à son père biologique. Il peut le faire moyennant quelques conditions : nécessité absolue d’un successeur pour le père biologique et dans ce cas ce fils doit être doté à son père coutumier avant de pouvoir succéder à son père biologique.

3La tradition Bamiléké donne-t-elle la possibilité à la femme de choisir le lieu de sa dernière demeure ?

Chez les Bamilékés la femme ne s’appartient pas. Elle est toujours enterrée chez le Taa kab (le propriétaire du bien) ; c’est-à-dire chez son père si elle n’a pas été dotée, ou chez celui qui l’a dotée. Autrement, une malédiction s’abattra sur la génération future. On parlera alors de (celui qui a labouré pour avoir son bien, mais n’en a pas joui, parce qu’on le lui a pris). On leur fera savoir que leur père biologique est fâché pour n’avoir pas joui de son bien. Pour expier cette malédiction, il va falloir pour la génération future, de chercher la tête (le crâne) de cet ancêtre mal enterrés, et la ramener dans la concession du Taa kab, et faire des rites pour apaiser sa colère. De même, si les enfants du “deuxième mariage” ont porté des (dab) éloges qui ne venaient pas du mari légitime (le premier), les mêmes malédictions s’abattront, et il sera question de changer de l’éloge à la descendance, afin que les éloges proviennent du premier, car c’est sa descendance.

4Le deuxième mari de très bonne foi peut-il valablement profiter de ses ‘’enfants’’ sans risquer la colère de notre tradition ?

Les droits coutumiers sur ces enfants reviennent au premier mari. De nos jours, il peut tout faire comme les lois de l’Etat le lui permettent, mais, lorsqu’il s’agit des actions coutumières, qu’il prenne ses distances.

5Peut-on enterrer la femme en terrain neutre (chez ses parents) pour permettre aux différents enfants d’avoir accès à sa tombe ?

Répondre par l’affirmative c’est comme s’il y avait compétition ou dispute entre le mari légitime et une autre personne. non le premier mari ne discute sa femme avec personne, c’est lui le Taa kab, et non plus le père de la femme. Enterrer la femme chez son père alors qu’elle a été dotée est source de malédiction future.

6Où se passeront les cérémonies de demande en mariage, dot des enfants du deuxième mariage ?

Tout se passera chez le père légitime des enfants, c’est-à-dire le premier mari de leur mère. Car ce sont ses filles qu’on est en train de doter. Toutefois, la tradition a prévu ici quelque chose pour le père biologique de la fille qu’on est en train de doter. Parmi les biens que donnera le fiancé pour la dot de sa fiancée, il y aura une chèvre destinée au père biologique et cette chèvre est donnée en compensation des reins cassés.

7Vue la puissance financière du “deuxième mari”, peut-on organiser un rite traditionnel pour lui permettre de rembourser la dot ?

Puissance financière, la tradition ne s’en tient pas tellement à cela.

8Le premier mari peut-il poursuivre le deuxième mari devant la chefferie traditionnelle pour adultère? Si oui, quelle chefferie sera compétente? Celle du village du premier mari ou la chefferie du village du deuxième mari?

Les deux chefferies sont compétentes pour juger l’affaire. Seulement, dans notre monde d’aujourd’hui, leurs verdicts ne seront pas au-dessus de celui prononcé éventuellement par un tribunal de l’Etat.

CONCLUSION

La tradition Bamiléké a été ‘’conçue’’ de manière à ne pas donner à la femme l’idée de quitter le mariage quand elle veut et comme elle veut, comme c’est le cas dans le monde d’aujourd’hui.

La femme, sachant que son union était scellée à vie, œuvrait beaucoup pour la consolidation de celle-ci. Raison pour laquelle les unions d’hier étaient presque toutes stables. Contrairement au monde d’aujourd’hui où l’option du divorce règne déjà dans la tête de la femme avant que ne naisse le moindre problème.

Pour prendre une femme pour épouse, la famille de l’homme faisait assez d’enquêtes pour s’assurer que rien n’a déjà été fait pour cette femme dans le passé. Ceci pour éviter de mettre au monde des enfants qui ne leur appartiennent pas.

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